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Au temps de la solitude.

Publié le par E.P.O.

Au temps de la solitude.

Le Passé Simple

Le ciel était rose et soudain la promesse solaire disparu, les ombres auraient du s’étirer longuement vers le ouest. L'odeur de café emplissait toute la cuisine, derrière la vitre de la fenêtre les gros nuages noirs filaient vers l’est. Un rideau de pluie attrapait la lumière du lampadaire et la découpait en mille autres reflets. Il pensa à elle dans son été brésilien. Il avait peur de la revoir, il avait peur de s’effondrer. Presque quarante ans d’absence, quarante ans où elle et lui avaient traversé le siècle avec d’autres amours, d’autres voix, d’autres corps. Seul, autour de lui le vent qui sifflait.

L’été dernier, pour la première fois, il s'était trouvé sans personne avec qui vivre quelques jours sous le soleil dans une grande chambre d’hôtel. C'est vrai qu'il n'avait fait aucun effort pour glaner dans la forêt des amours. Les journées passaient lentement et il appréciait ce temps au ralenti. Mais en hiver ce fut pareil, il errait accompagné de l’écho de ses pas dans son immense maison, qui aurait pu accueillir une femme, qui aurait pu être la mère de ses enfants. Personne ne l’appelait papa. Personne ne l'appelait. Il croyait qu'il avait choisi la solitude et c’était avec effroi que qu'il s’apercevait que c'était elle qui l'avait choisi. Il était le crépuscule et aucun midi ne venait le voir. Elles restaient loin. Il n'osait appeler celle dont il gardait le souvenir des journées torrides.

"Vois-tu ? J’ai le temps de penser, dans ce lieu matinal, tu es là posée comme mon ombre, comme un fantôme. Tu as été une belle rencontre, celle qui a marqué la suite de ma vie. Avec toi je me suis découvert beau et bon, passionné et jaloux".

Il vivait les moments avec l'intensité d'un homme affamé, Il dévorait les plaisirs lorsqu’ils se présentaient à lui. Il éprouvait des sentiments intenses et profonds pour certaines choses. Il préservait leurs souvenirs, il la préservait. Il gardait le temps qui fut le leur et les mots que Marion lui avait donné dans ses lettres d'amour. L'homme du crépuscule ne valait pas le jeune d'hier. Il habitait le même nom et la même enveloppe corporelle mais tout était rempli des douleurs, sauf la douceur d'un lointain parfum de femme.

 

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M
Saudades
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