Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Le mal et le mensonge. Banaliser la sauvagerie sociale et économique

Publié le par E.P.O.

 

 

Le mal et le mensonge. Banaliser la sauvagerie sociale et économique

Ci-dessous une citation de Christophe Dejours. « Souffrance en France, La banalisation du mal » à la page 180. Ses écrits datent d’une époque (années 1990-2000) où les entreprises assumaient seules la violence contre les salariés à travers leur discours économiciste. C’était le mi-chemin du discours des bien fait de la mondialisation, de la compétitivité et des privatisations. Ce cran de bascule avait été essayé par plusieurs gouvernements. Jospin, Raffarin, Fillon, Valls. Malgré certaines réformes importantes ils n’avaient pas été au bout du rêve patronal. Les présidents faisaient comme d’autres, ils s’arrangeaient pour lâcher du lest quelque temps avant les échéances électorales importantes et laissaient insatisfait les rêves des oligarques français. Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande sont allées chacun au plus loin de ce dessein d’une société où l’entreprise décide de ce qu’elle veut pour enrichir les siens (les actionnaires) au détriment du plus grand nombre. Depuis ces années-là, les oligarques construisaient pas à pas le basculement vers une société et une économie à leur service et pour cela ils fragmentèrent  les intérêts des uns et des autres, au point que beaucoup parmi nous tant que les difficultés d’existence d’un groupe ne les touchent pas ils ne se sentent pas concernés.  Avec l’avènement de Macron, il s’est créé un état de catastrophe démocratique. Les oligarques ont au pouvoir une personne sous leur emprise, docile avec eux et capable de mener à terme leur projet économique et sociétal. Naomi Klein avait longuement souligné l’emprise d’un capitalisme de catastrophe pour imposer leur stratégie du choc. Enfin les oligarques peuvent tout changer dans le sens de leurs intérêts.

« Si le mensonge n’était pas organisé de façon rigoureuse et cohérente (à la très grande échelle qu’on lui connaît aujourd’hui, à partir de la communication d’entreprise), il n’y aurait aucune possibilité d’unifier les stratégies individuelles de défense, qui demeurent fondamentalement singulières, même après qu’elles ont subi les processus de banalisation. Le clivage, pour tenir, a besoin d’un discours tout fait, appris, repris, trouvé par chaque sujet, individuellement certes, mais dans un discours fabriqué et produit à l’extérieur, proposé enfin de l’extérieur au sujet. Pour que le discours trouvé par chacun soit le même pour tous, il est nécessaire que ce discours ait acquis un statut fort de discours ou d’opinion dominants. C’est ce qu’effectue la stratégie de la distorsion communicationnelle dont le rôle est déterminant, soulignons-le une fois de plus, dans la banalisation du mal. La rationalisation économisiste est un dispositif sans lequel la peur des braves gens face à la menace du malheur socialement généré (la précarisation) ne pourrait alimenter des stratégies défensives aboutissant à la banalisation du mal. »  

Je me permets d’enlever les phrases qui dans leur forme négative rendent compte des mécanismes qui aboutissent au désastre social et économique pour le plus grand nombre :

« Le mensonge organisé de façon rigoureuse et cohérente (à la très grande échelle qu’on lui connaît aujourd’hui, à partir de la communication d’entreprise (nous pouvons ajouter : et de la communication du pouvoir politique)), permet d’unifier les stratégies individuelles de défense, qui demeurent fondamentalement singulières, même après qu’elles ont subi les processus de banalisation. Le clivage, pour tenir, a besoin d’un discours tout fait, appris, repris, trouvé par chaque sujet, individuellement certes, mais dans un discours fabriqué et produit à l’extérieur, proposé enfin de l’extérieur au sujet. Pour que le discours trouvé par chacun soit le même pour tous, il est nécessaire que ce discours ait acquis un statut fort de discours ou d’opinion dominants. C’est ce qu’effectue la stratégie de la distorsion communicationnelle dont le rôle est déterminant, soulignons-le une fois de plus, dans la banalisation du mal. La rationalisation économiciste est un dispositif qui permet la peur des braves gens, qui face à la menace du malheur socialement généré (la précarisation) peut alimenter des stratégies défensives aboutissant à la banalisation du mal. ».

Gustavo Canihuante, professeur d’histoire aux Chili me disait, avec un ton de grande lassitude dans sa voix : « Il y a deux réalités, celle des gens qui s’épuisent dans l’exigence de la survie économique pour éviter une rupture sociale et la réalité de la télévision. La télévision dit aux gens ce qui existe : Existe que ce qui passe à la télévision !

Nous sommes à une époque de folie qui nous maltraite. Sans me rendre compte, emporté par une critique envers l’idéologie ultralibérale, j’adresse ma critique à une collègue que j’apprécie pour ses qualités humaines et intellectuelles, alors que la cible est dans un autre horizon. On maltraite les siens parce que ces autres qui nous rendent fous ne sont pas à notre porté. J’ai participé à ce jeu d’atomisation sociale par imprégnation de la folie ! 

 

Commenter cet article