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Le Passé Simple

Publié le par E.P.O.

Le Passé Simple
Le Passé Simple
Mon Cher Mario,
Cette nuit je me suis réveillée pleine de peur.
J’ai rêvé que j’étais toute nue, mais je ne le sentais pas. Je n’avais ni froid ni chaud. Je montais un escalier dans un endroit inconnu, il y avait une pénombre grise ? Il n’y avait personne autour de moi, au loin j’entendais des voix, des murmures. J’entendais le bruit des talons de chaussures sur le parquet, des rires entrecoupés des silences. Je cherchais les gens, mais je ne les trouvais pas, je ne voyais personne. J’avais un collier ajusté à mon cou, orné d’innombrables pierres de couleurs différentes, de tailles différentes et de formes différentes. Elles étincelaient malgré le peu de lumière. Ce collier me protégeait. Soudain, il se défit, les milliers de pierres tombaient sur le sol, c’étaient des grosses gouttes de pluie qui tombaient sur de briques froides. J’ai eu peur, comme si la perte d’une pierre était une tragédie. J’ai eu froid, je me suis senti nue, chaque pierre était un abandon.
Peut-être que mes efforts de mémoire sont ces pierres qui insistent pour mettre à nu ma vie et avec le temps m’abandonnent. Quelle couleur a ta pierre ? S’est-elle perdue sous l’escalier de mon ancien appartement à Paris. Je continue à la chercher. Je souhaite tant la retrouver.
Je n’aime pas les réseaux sociaux, je me sens exposée en pleine lumière auprès de gens que je ne connais pas, mais je veux te lire, et ce que je lis m’enchante. En ce moment je dors avec le héros de ton roman, avec ses frères. J’aime quand tu écris Marion, mon nom d’autrefois dans la clandestinité.
Je t’embrasse avec des fleurs, du printemps qui recouvre désormais toute l’étendue de l’horizon de mon regard. Donnes-leur un peu de lumière, un peu d’eau et touches-les délicatement, comme une caresse.
 
Ma chère Marion,
Le printemps de ton écriture traverse mon corps et le temps. L’enfant que je suis dans mon âme sent les caresses de tes mots. Quelle est notre liberté ? Un collier autour du cou comme un lien, comme une attache. Un collier qui porte toutes les pierres de notre histoire. Stèles, pierres tombales, lieux de nos secrets et de notre intimité, autant de souvenirs de nos amours et de nos défaites. Nous restons ainsi liés aux êtres, à leur brillance et à la peur de les perdre. Où suis-je ? En bas de l’escalier de tes souvenirs ? Occulté ? Protégé peut-être ? La parole est terrible, elle nous aide et nous libère malgré nous. Dire c’est tuer la chose. Dire c’est libérer les souvenirs, dire c’est regarder notre existence sans fard.
Mon Automne est arrivée avec son visage froid et ses caresses de vent et de pluie. Le soleil nous quitte, il s’approche de ton corps, la bas- vers le Sud. Je berce les fleurs de ton nouveau printemps.
Je t’embrasse tendrement.
Mario
 

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