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Un soir sur la route du retour.

Publié le par E.P.O.

Un soir sur la route du retour.

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Pour MD

Publié le par E.P.O.

Pour MD.

Il y a des petites phrases banales dont celle-ci : « Un rayon de lumière déchire l’obscurité de ma vie ». Cela semble évident lorsque j’ai mal et que d’ici, de là surgit une bonne rencontre, une parole douce, un sourire inattendu.

Mais que puis-je lorsque dans la lumière douce et belle qui est la tienne, je vois l’ombre de la tristesse déchirer ta clarté ? Cela paraît curieux d’inverser cette phrase : « Un rayon de lumière déchire l’obscurité de ma vie ».

J’éprouve en chaque endroit de mon corps, et cela de manière très concrète, ces choses que j’appelle impuissance et maladresse. « Ne dis rien », me dit la RAISON . « Dis lui que tu partages sa douleur, ne la laisse pas seule, même si elle est entourée de ceux qui l’aiment », me dit mon HUMANITÉ.

Entre ces deux échos qui me rendent silencieux, moi qui ne sais pas dire, j’essaie de t’écrire.

Palabras, palabras criait Rafael Alberti en écrivant Nocturno :

Ahora sufro lo pobre, lo mezquino, lo triste,
lo desgraciado y muerto que tiene una garganta
cuando desde el abismo de su idioma quisiera
gritar lo que no puede por imposible, y calla.

Siento esta noche heridas de muerte las palabras.

Je te donne un peu de mon âme pour accompagner ta douleur.

Je sais que tu passeras par ce lieu,

Je sais que tu liras ces mots,

Sache que je suis ému aux larmes en pensant à toi et à ta peine.

Ici bas Boris Vian et ce beau poème.

Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir

Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche

Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...

Boris Vian

Pour MD
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Je pense à toi.

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