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Un tremblement de terre au Chili
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Le Passé simple.En décembre. Pour Ella.
Marion,
Je nous préserve. Je garde le temps qui fut le notre et les mots que tu me donnes dans mon âme tourmenté. Je ne sais pas si l'homme d'aujourd'hui vaut le garçon d'hier, j'habite le même nom et la même enveloppe corporelle. Je pense qu'il y a seulement quelques degrés, chaque jour est intense et profond pour certaines choses, les événements je les vis de manière plus relâché.
Mario,
Excuses-moi. L’anxiété m’envahit et peut te déranger, je suis maladroite.
Mais comment en faire autrement. Comment une femme de 72 ans peut contrôler ses sentiments si sa vie va vers la fin du jour, si elle peut toucher n’importe quand le vide et l’éternité. Se souvenir c’est aussi revivre. Tes paroles me manquent tellement.
Je ne veux pas me cacher, me mentir. Ce que nous avons vécu fut intense, mais nous ne parlions jamais, nous étions un voile de pudeur et de silence. Notre amour c’était un “A bientôt”. Une semence qui ne fleurissait pas. Nous avons vécu ainsi, sans rien dire, sans que tu saches que je t’aimais, j’étais folle, défaite d’amour. Nous étions muets, silencieux .
Je ne te disais pas mon amour, parce que tu étais jeune, tu avais ce temps devant toi, tu avais un autre amour. Je cerclais mes paroles comme on cercle un utérus pour garder secret mon amour pour toi. Je savais d’avance que je ne t’aurais jamais. Combien des fois, folle de jalousie je congelais mes sentiments, convaincue que seulement tu aimais le sexe et rien d’autre avec moi.
Je ne sais pas si je saurai un jour plus de choses sur ce temps que nous vécûmes. Mais je voudrais savoir, et cela est important pour moi : qui étais-je pour toi? Pourquoi? Pour que ma mémoire ne s’évapore pas comme l’eau d’une larme.
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