La Poésie est une arme chargée d'avenir. Un poème de Gabriel Celaya Chanté par PACO IBAÑEZ https://www.youtube.com/watch?v=q_b0myUpwpE
La poésie est une arme chargée d’avenir
Gabriel Celaya
Quand rien n’est attendu personnellement
D’exaltant,
Cela bat encore plus fort et se poursuit en deçà de la conscience,
Existant fièrement, affirmant aveuglement,
Comme un battement qui frappe les ténèbres.
Qui frappe les ténèbres.
Quand nous regardons en face
Les vertigineux yeux clairs de la mort,
Les vérités sont dites ;
Les barbares terribles, les amoureuses cruautés,
Les amoureuses cruautés.
Poésie pour le pauvre, poésie nécessaire
Comme le pain de chaque jour,
Comme l’air que nous exigeons treize fois par minute
Pour être et tellement nous sommes, donner un oui qui glorifie
Donner un oui qui glorifie.
Parce que nous vivons sous les coups, parce que à peine ils nous laissent
Dire que nous sommes ceux que nous sommes,
Nos chansons ne peuvent pas être sans péché un décor,
Nous touchons le fond
Nous touchons le fond
Je maudis la poésie conçue comme un luxe
Culturel par les neutres
Qui se lavent les mains, se désintéressent et s’échappent.
Je maudis la poésie qui ne s’engage pas,
Qui ne s’engage pas jusqu’à se tacher.
Je fais miennes les fautes. Je ressens en moi ceux qui souffrent,
Et je respire en chantant.
Je chante et je chante, et en chantant au-delà de mes peines
De mes peines personnelles
Je m’épanouis, je m’épanouis.
Je veux vous donner la vie, provoquer des nouveaux actes,
Et pour cela je mesure, avec la technique que je peux.
Je me sens ingénieur du vers et un ouvrier
Qui travaille avec d’autres l’Espagne
L’Espagne à ses fondations.
Ce n’est pas une poésie goutte à goutte pensée,
Ce n’est pas un beau produit. Ce n’est pas un fruit parfait,
C’est l’indispensable : ce qui n’a pas de nom.
Ce sont de cris dans ciel, et sur la terre ce sont de actes.
Parce que nous vivons sous les coups, parce que à peine ils nous laissent
Dire que nous sommes ce que nous sommes,
Nos chansons ne peuvent être sans péché un
Décor
Nous touchons le fond
Nous touchons le fond.